Publié par : starfoot | 02/10/2010

Le fair play, un simple slogan pour la FIFA ?


Le journal brésilien Carta Capital se penche sur la trouble ascension au sein de la Fédération international de football (FIFA) du Français Jérôme Valcke, actuel secrétairegénéral de cette organisation et successeur pressenti de son président Joseph Blatter.

Cela fait douze ans (1998-2010) que le Suisse Joseph Blatter est président de la Fifa.

Pourtant, ces derniers temps, c’est le Français Jérôme Valcke, 49 ans, qui se montre le plus actif et qui mène à bien les principaux projets de la fédération. Du suivi des chantiers des stades aux contrats publicitaires, tout passe par le crible du secrétaire-général.

Jérôme Valcke, secrétaire-général de la FIFA

Au Brésil, il s’est fait réellement connaître après avoir rendu public un rapport des plus acides critiquant la lenteur dans l’exécution des travaux d’infrastructure pour le Mondial 2014. Son pouvoir est tel au sein de la Fifa qu’il n’hésite pas à critiquer Nicolas Sarkozy, l’accusant d’interférer indûment dans le monde du sport à la suite des explications exigées aux joueurs après le fiasco du Mondial.

Selon plusieurs sources, Blatter devrait le désigner en 2015 comme son successeur au détriment des ambitions du président de la confédération brésilienne de football Ricardo Teixeira.

Sepp Blatter et Jérôme Valcke

Ce retournement de situation est étonnant quand on sait qu’il y a quatre ans la réputation de Valcke était au plus bas.

Entre 2003 et 2005, directeur du marketing et des droits télés de la Fifa, il mène une négociation désastreuse (!?) de sponsoring qui eut pour résultat un préjudice de plusieurs dizaine de millions de dollars pour l’entité suprême du football mondial. Il fut écarté de son poste. Curieusement, après une période sabbatique de dix mois, Valcke était de retour à la Fifa pour assumer la charge de secrétaire-général (juin 1997).

Le plus curieux, c’est que les deux hommes se connaissent déja avant 2003.

Le 30 avril 2001, Blatter envoie à Valcke un courrier dans lequel ce dernier se plaint d’une tentative de chantage faite par la multinationale française de télécommunications Vivendi contre la FIFA (un document révélé par le journaliste anglais Andrew Jennings dans le livre Carton rouge ! Les dessous troublants de la Fifa).

Dans sa lettre, Blatter se plaignait auprès de Valcke des menaces faites par l’avocat de Vivendi, Alain Gloor, à deux reprises. Valcke et Blatter ont depuis refusé de s’exprimer sur la teneur des propos contenus dans la lettre.

A cette époque, Valcke est directeur de Sport +, propriété de  Vivendi.

Vivendi souhaite acheter ISL, filiale du plus important groupe mondial de marketing sportif (ISMM) basé en Suisse qui a été mis en faillite par le tribunal cantonal de Zoug.

ISMM et ISL sont les partenaires de la Fifa pour les Coupes du monde 2002 (en Corée/Japon) et 2006 (en Allemagne). Ils détiennent les droits mondiaux du marketing de ces deux Coupes du monde, ainsi que les droits de retransmission télévisée hors Europe de ces deux événements.

Un audit des experts-comptables de Vivendi réalisé sur les comptes d’ISL eut pour résultat l’abandon de l’idée de rachat.

A la fin tout le monde sera ami

Les rumeurs du soutien qu’accorderait Blatter à Valcke pour les élections à la présidence de la Fifa en 2015 pourrait refroidir la relation amicale entre Valcke et Ricardo Teixeira. Le Français a passé deux réveillons de fin d’année dans la résidence du Brésilien à Angra dos Reis (sur la côte près de Rio). Outre les balades sur le littoral brésilien, ils travaillent en harmonie pour le Mondial 2014.

A chaque fois que Teixeira, en coulisses, pressait le gouvernement de mettre plus d’argent pour le Mondial, Valcke faisait une apparition publique pour critiquer la lenteur des travaux.

Dans l’imbroglio du stade du Morumbi par exemple, le duo a là aussi agi en parfaite harmonie.

Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi

Depuis début 2009, le FC São Paulo, propriétaire de l’enceinte Morumbi, a présenté cinq projets de rénovation afin d’accueillir le Mondial et les garanties financières pour réaliser les travaux estimés à environ 200-250 millions de reais (entre 86 et 107 millions d’euros). Tous ont été rejetés par Teixeira qui a tenté d’imposer un projet de 650 millions de reais, bien au-delà des possibilités du club.

En privé, des dirigeants du FC São Paulo affirment que, dès le départ, les organisateurs y ont mis de la mauvaise volonté en faisant preuve de nouvelles exigences à chaque présentation de projet. L’un d’eux, engagé dans la négociation avec la Fifa, affirme que lorsqu’il a contacté des investisseurs au sujet du Morumbi, ceux-ci l’informaient qu’ils avaient déjà été sollicités par J. Hawilla, patron de Traffic, une entreprise de marketing sportif, afin de construire un nouveau stade à São Paulo. Tout cela avec l’aval de Teixeira et la bénédiction du maire Gilberto Kassab. Hawilla a nié toute implication dans le projet d’un nouveau stade. Moins regardants, Teixeira et Valcke n’ont jamais exclu cette possibilité et se sont évertués à disqualifier publiquement les projets de rénovation du Morumbi. Lorsque finalement celui-ci a été exclu des stades du Mondial, Valcke s’en est réjoui : « C’est une bonne nouvelle. On a essayé de trouver une solution pour le Morumbi pendant des mois, des années. Arrive un moment où il faut arrêter de jouer ». Il y aura bel et bien un stade à São Paulo pour la Coupe du Monde 2014!

Le football, un moteur économique?

Le gouvernement brésilien voit dans le Mondial 2014 la possibilité d’attirer des investissements au Brésil.

Néanmoins, le coût en est élevé : plus de 20 milliards de reais de dépenses publiques. Une somme qui pourrait se révéler être beaucoup plus importante si l’on prend en compte par exemple que les Jeux Panaméricains de Rio en 2007 ont finalement coûté dix fois plus que le budget initialement prévu.

L’inquiétude réside dans les règles déterminées par la FIFA qui facture l’exécution des travaux en accord avec ses intérêts et ses partenaires et pas nécessairement en fonction de l’intérêt général.

Et derrière la Fifa, il y a aussi l’influent Valcke qui oeuvre à la distribution des cartes.

Sources:


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