Le jeudi, jour de marché

Gevgelija est animé le jeudi. La rue centrale est fermée aux voitures. Il y a plus de monde dans les rues contrairement aux autres jours. Les villages aux alentours se vident. Il y a des mendiants et des infirmes à même le sol que tu ne vois que ce jour-ci.

La beauté ou la laideur d’un marché est significative d’un état d’esprit local. On dit d’une équipe de football qu’elle joue comme elle s’entraîne. On pourrait dire d’une population qu’elle vit à l’image de la vivacité de son marché qui représente son agriculture, son terroir. Je ne sens pas les gens respectueux de ce qu’ils vendent. Les légumes et les fruits sont des matières premiéres pour gagner de l’argent. Il n’y a pas d’amour ici aussi. On fait les choses parce qu’il faut les faire. Et pourtant, cette partie de la Macédoine représente un énorme potentiel agricole.

Et que dire de tous ces produits de mauvaise qualité qui viennent de Turquie, de Chine?

Je n’aime pas acheter des oeufs voir où vivent les poules et connaître ce qu’elles manges. Les oeufs industriels sont de qualité médiocre pour ne pas dire merdique. Ils n’engendrent plus de poussins depuis longtemps. Comme nos femmes mettent au monde moins de beaux bébés. Y a-t-il un lien de cause à effet? Ne suis-je pas ce que je mange?

Je ne passe pas beaucoup de temps dans ce marché. Il y a tellement de choses qui ne sont pas pour moi.

Je cherche principalement les légumes de saisons. C’est pas difficile, car ils sont tous de saisons en ce moment. Il n’y a pas d’importation de légumes d’Italie, d’Espagne ou du du Maroc.

Mais le problème dont je souffre: c’est la pauvreté du choix. Et dans cette pauvreté, trop de légumes impropres à la consommation journalière d’un être humain sans qu’il faille utiliser du sel, du vinaigre, de la mayonnaise, du ketchup, etc. La qualité d’un  légume se définit selon sa capacité à le manger cru. S’il est bon cru, il le sera cuit. Mais pas l’inverse.

On cultive cette sorte de légumes principalement pour les usines locales de conserves.

Je n’aime pas les légumes qui ne se mangent pas crus. Cela signifie qu’ils ne sont pas pour le corps humain. L’aubergine est immangeable sans la cuisson et néfaste préparé avec l’huile, le sel…

Les choux sont plus grands qu’un ballon de foot! J’ai l’habitude de les manger beaucoup plus tard dans la saison en Suisse. Ils ont un goût sucré ici.

La tomate et le choux entre autres sont de véritables business d’exportation. Un moyen très rapide de rouler en Mercedes.

Cette région de Macédoine est bénie pour l’agriculture. Dommage qu’on n’exploite pas le potentiel de façon rationnelle (la deuxième ville grecque se trouve à 85 km seulement).

Dans un marché, on a réagit tous selon des habitudes définies. Les miennes se basent sur le goût et l’oeil. Si les carottes ont le got de carottes, un peu sucrées et pas acides, je reviendrai la semaine prochaine au même endroit.

Je ne sais pas comment il fait pour avoir des carottes au goût différent d’une semaine à l’autre. Il me dit qu’il en est le producteur.

Il doit avoir alors des champs à des endroits différents! Ou alors il est seulement grossiste.

Pêches, poires, pruneaux, pommes, raisins, etc. De nombreux petits producteurs approvisionnent le marché.

Cet été, j’ai mangé très peu de fruits. Et sinon principalement ceux que j’ai maraudé lors de mes ballades ensoleillées. Une manière de bien supporter les fortes chaleurs. Car le sucre a la capacité d’élever la température corporelle, de perturber le sommeil. Dans certaine région du globe, cette élevation de température s’appelle malaria ou dengue. Les épices, l’alcool participent également à ce processus. Le moustique est devenu un méchant, alors qu’il n’est pas responsable de la malaria.

Ce sont les mêmes bananes partout, elles sont devenues mondialisées bien avant qu’existe la mondialisation que l’on connaît. Comme les oeufs, je ne les touche pas. Elles ne sont pas biologiques et sont enduites de produits pour être acheminées et conservées. Et si on connaît le vrai goût de banane…

Chaque jour de marché, je mange souvent durant la même journée un seul légume cru. Aujourd’hui, c’est le broccoli. Une mono-diete? Je ne sais pas. Les livres ont tellement écrit de choses fausses. Il y a longtemps que je suis une autre logique que celle reçue par mon éducation et la culture (culinaire).

Je me définis comme un chasseur-cueilleur au 21 ème siècle.

Dieu ne me sauvera pas, je le sais. Et vous non plus d’ailleurs. Soyons alors responsable de notre bien-être.